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3 décembre 2023 7 03 /12 /décembre /2023 13:39

Les électeurs seront appelés à élire leur nouveau président dans tout juste cinquante jours en République démocratique du Congo. Le scrutin s’inscrit dans un contexte difficile. Contexte politique, voire économique et social. La population manque de tout dans ce pays qui fait quatre-vingts fois la taille de la Belgique et qui compte quelque cent millions d’habitants : eau potable, électricité, infrastructures de santé, routes, emplois… alors que le pays regorge d’immenses richesses, en minerais notamment. La République démocratique du Congo, est le 2e pays le plus grand d’Afrique, derrière l’Algérie. Depuis plus de 25 ans, il est en proie à une guerre de prédation qui a vu naître des centaines de milices armées à l’est du pays, dont certaines sont soutenues par les pays voisins, le Rwanda et l’Ouganda, notamment. Cette situation a poussé sur les routes près de sept millions de civils, qui ne sont pas près de retrouver leurs terres et leurs villages, dans les provinces de l’Ituri et du Nord Kivu où les civils sont toujours victimes d’exactions, malgré l’instauration de l’état de siège, qui n’a finalement pas permis de ramener un minimum de sécurité dans la région. Et c’est bien dans ce contexte d’instabilité chronique que se préparent les prochaines élections présidentielles du 20 décembre. À cette situation, il faut ajouter un contexte de méfiance exacerbée entre l’opposition et la majorité sortante. Dans un pays où l’on compte 450 ethnies, plus de 900 partis politiques, la division et la méfiance mutuelles sont souvent de mise. Et ça se confirme encore à l’approche de ce scrutin présidentiel dont l’opposition critique vertement l’organisation. Elle reproche notamment au président sortant, Félix Tshisekedi, d’avoir installé des hommes à sa solde au sein de la commission électorale indépendante et au sein de la Cour constitutionnelle, suggérant que tout a été organisé par le pouvoir en place pour remporter le scrutin. L’opposition qui dénonce aussi la composition du fichier électoral, un fichier qui n’a pas été audité par un organisme indépendant et qui pourrait donc contenir de faux électeurs, ce dont se défend le pouvoir en place. On signale aussi que de nombreuses cartes d’électeurs ont déjà été effacées quelques jours à peine après avoir été et distribuées, ce qui est d’autant plus problématique que les duplicatas sont payants. Quant aux 20.000 machines à voter qui doivent être déployées dans le pays, on ignore toujours si elles seront toutes en état de fonctionner le jour de l’élection et surtout si elles pourront être déployées sur l’ensemble du territoire. Mais pour l’heure, la commission électorale indépendante, la Céni affirme toujours que les élections auront bien lieu le 20 décembre et qu’elles se tiendront dans la plus parfaite transparence… balayant ainsi les inquiétudes de l’opposition.

 Les candidats à l’élection présidentielle 

La Céni en a reconnu vingt-cinq : il y a tout d’abord le président en exercice, Félix Tshisekedi qui sera soutenu par plusieurs cadors de la politique congolaise, membre de sa majorité dite de l’Union sacrée. Face à lui, on retrouvera quelques figures importantes de l’opposition, comme Moïse Katumbi, l’ex-gouverneur de la province du Katanga, ou encore Martin Fayulu, qui affirme toujours être le véritable vainqueur des dernières élections de 2018 dont il aurait été floué par un accord secret signé entre l’ancien président Joseph Kabila et l’actuel président Félix Tshisekedi. Il faudra encore compter sur les candidatures des ex-premiers ministres, Augustin Matata Ponyo et Adolphe Muzito et bien sûr celle du Dr Denis Mukwege, ce chirurgien qui œuvre auprès des victimes de violences sexuelles à Bukavu, à l’est du pays, un travail pour lequel il a reçu, rappelons-le, le Prix Nobel de la paix en 2018. Mais à moins de 50 jours du scrutin, la société civile s’inquiète surtout du manque d’information et de sensibilisation des électeurs, une méconnaissance dont certains partis pourraient tenter de tirer profit.

Interview de Justine Kasa-Vubu

Justine Kasa-Vubu est la fille de Joseph Kasa-Vubu, premier président du Congo indépendant en 1960. Elle a été ministre et ambassadrice de la République démocratique du Congo à Bruxelles sous Laurent-Désiré Kabila, membre de l’UDPS (le parti fondé par Etienne Tshisekedi, le père de l’actuel président Félix Tshisekedi). Justine Kasa-Vubu a également été candidate à l’élection présidentielle en 2006. Elle vit depuis plusieurs années en Belgique, mais reste une observatrice attentive de la politique congolaise. Interview.Le Congo vit une injustice absolument phénoménale depuis un quart de siècle. Nous sommes dans un non-État et ça ne date pas de la dernière législature.

 

Justine Kasa-Vub

i a été totalement illégitime, anticonstitutionnelle…"

À 50 jours de l’élection présidentielle vous avez choisi de vous impliquer dans le débat, non pas en présentant une nouvelle fois votre candidature à la magistrature suprême mais en soutenant un candidat déclaré… Lequel ?

"Il faut savoir, comme vous venez de le souligner, que la République démocratique du Congo vie une tragédie sans précédent. Un quart de siècle que ce peuple croupit dans la misère et donc un quart de siècle aussi où la classe politique se régénère mais toujours en perpétuant aussi les mauvaises pratiques et la mauvaise gouvernance. Je crois aujourd’hui qu’il faut opérer un choix en fonction de ce qu’on croit que la République démocratique du Congo doit être demain.

Quelle sera la place de notre pays et quelle sera la crédibilité pour les projets à venir. Et surtout comment est ce qu’on oriente ce pays ? Quelle est la vision politique qu’on doit imprimer ? C’est la raison pour laquelle je pense que c’est la raison qui doit dicter un choix politique mais c’est aussi les valeurs morales qu’incarnent les candidats qui doivent aussi dicter ce choix.

Pour ma part, sans ambages, je pense qu’il y a un homme au-dessus du lot. Et cet homme au-dessus du lot qui est capable de relever le défi, qui est capable aussi de générer un consensus, qui est capable d’accepter la pluralité démocratique, qui est capable d’inscrire une vision et de se projeter, un homme capable de démontrer qu’il est près de la population et qu’il a partagé la misère de notre peuple… Je crois qu’il n’y a qu’un seul profil qui se dégage dans tout ça, c’est le Docteur Mukwege."

Vous avez été membre de l’UDPS, le parti de Félix Tshisekedi. Aujourd’hui, vous soutenez le Docteur Mukwege. Votre choix est-il un désaveu de l’actuel président ?

"Vous savez, le Congo vit une injustice absolument phénoménale depuis un quart de siècle. Nous sommes dans un non-État et ça ne date pas de la dernière législature. Nous sommes dans un pays qui est totalement en déliquescence. Nous vivons non pas avec le respect de la Constitution, non pas avec les règles de loi mais, depuis 2001, donc les fameux accords de Sun City, nous vivons avec ces accords, avec des arrangements, des combines, des confréries, des conférences, etc. Et donc aujourd’hui, le pays est dans une déliquescence sans précédent."

Est-ce que c’est la responsabilité du président sortant Tshisekedi ?

"Je pense que le pays vie une tragédie qui a été déclinée depuis 25 ans au moins, pour prendre la période la plus récente. Et le régime actuel a clairement dévoilé les cartes sur table c’est-à-dire que ce n’était pas une gouvernance classique, mais c’est une gouvernance d’arrangement, un pacte qui a été conclu entre le sortant précédent et celui qui est entré en 2018-2019…"

Le président Tshisekedi s’en défend…

"Je pense que rien n’est normal dans ce pays. Déjà que nous avons eu une ossature, une architecture gouvernementale qui a été totalement illégitime, anticonstitutionnelle…"

RTBF/ B.M MP

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