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3 avril 2024 3 03 /04 /avril /2024 09:22
RDC: lors de la messe pascale, le cardinal Ambongo déplore «un pays à l'agonie»

Alors que l'adhésion des jeunes pro-Kabila à l'alliance fleuve Congo ne cesse de susciter des réactions dans l'environnement sociopolitique congolais, le Cardinal Fridolin Ambongo Besungu a attiré l'attention des autorités congolaises en leur demandant de cesser de poser des actes susceptibles de pousser à la rébellion.

Dans son message du samedi 30 mars 2024, à la messe de Pâques, il a fustigé le comportement des acteurs politiques qui, au lieu de se pencher sur des questions importantes, préfèrent s'engager dans des querelles politiciennes totalement déphasées avec la situation actuelle du pays.

"Comment voulez-vous un pays qui est occupé, comment voulez-vous un pays qui est attaqué de l'extérieur, mais nous, au niveau de Kinshasa, au siège des institutions, continuons à poser des gestes, à poser des actes qui ne vont pas dans le sens de la consolidation de l'unité nationale, de la cohésion nationale ? Nous continuons et c'est tout ce qui nous préoccupe depuis les élections qui se sont passées fin décembre jusqu'à aujourd'hui. Ça fait trois mois que notre pays est pratiquement paralysé pour la simple raison que toute la classe politique s'est invitée autour du grand gâteau que l'on est en train de se disputer, pendant que le pays est en guerre, pendant que l'ennemi avance. Tout ce qui nous intéresse, c'est la part du gâteau, comment nous pouvons tout faire pour nous retrouver au parlement, au gouvernement, à la tête des portefeuilles. Ce comportement est tout à fait incohérent si nous considérons la situation délicate, dangereuse de notre pays," a dénoncé l'archevêque de Kinshasa dans son message devant les fidèles catholiques.

Et de poursuivre :

"Un pays qui est attaqué, un pays qui se sait en guerre, la première chose à faire est de s'asseoir autour d'une table pour former ce qu'on appelle le front commun. Or, aujourd'hui, il n'y a pas de front commun; le front commun n'existe pas. Comment voulez-vous des fils du pays qui partent d'ici, de Kinshasa, et qui vont rejoindre la rébellion à l'Est ? Posons-nous la question : pourquoi ? Nous pouvons nous énerver contre ceux qui sont partis, nous pouvons les traiter de traîtres, ils ont pris la cause de l'ennemi, mais la question de fond est : pourquoi ces gens ont agi de cette manière ? C'est parce qu'au niveau d'ici, nous continuons à poser des gestes qui blessent les autres, nous continuons à poser des gestes qui fragilisent la communion nationale, nous posons des gestes qui excluent les autres de la jouissance du gâteau national."

Dans le même registre, le Cardinal Fridolin Ambongo a dénoncé l'écart de vie qui existe entre la population et les autorités politiques. Pour lui, cette manière de faire va continuer à créer des mécontents, et la situation risque de perdurer si les autorités ne changent pas leur mode de gouvernance.

"Un pays aussi pauvre que le Congo, avec un budget qui dépasse à peine 3 milliards USD, alors que le petit Congo Brazzaville, en face de nous, est déjà au-delà de 20, 30 milliards comme budget, nous, le grand Congo, nous n'avons que 3 milliards. Et avec ces milliards USD, 68% du budget de l'État est consommé uniquement par la classe politique, la classe politique qui consomme plus de 70% du budget de l'État. Et le reste de la population, elle va vivre de quoi ? Comment voulez-vous un pays aussi pauvre que le Congo, avec 3 milliards USD comme budget, ses députés sont considérés comme les députés les mieux payés au monde, plus de 30.000 USD pour un député, alors qu'un professeur d'université qui a fait une thèse de doctorat et qui est considéré comme un savant est payé avec un salaire de misère ? Ce genre de comportement fait le lit des mécontents, et tous ces mécontents demain iront rejoindre ceux qui sont à l'Est et reviendront demain chez nous en se proclamant des libérateurs, comme nous avons déjà eu dans ce pays. Plus on nous libère, plus nous sommes malheureux," a-t-il fait remarquer dans son message.

Comme le Président de la République, Fridolin Ambongo a également fustigé le fonctionnement de la justice congolaise, qui n'arrive pas à protéger les faibles face à ceux qui sont forts.

"Quand, dans un pays, la justice, qui doit protéger tous les citoyens, est la première instance à fouler aux pieds les droits des simples citoyens, au nom de la justice, aujourd'hui au Congo, on peut te ravir ta parcelle, ta maison, et tu ne sais pas vers qui te tourner. Et tous ces mécontents à qui on ravit des parcelles, des concessions, des maisons en toute impunité, tous ces gens deviennent des mécontents. Demain, ils iront rejoindre ceux qui sont à l'Est, et quand ces gens-là arriveront ici, ils les accueilleront comme des libérateurs. Voilà les risques que nous sommes en train de prendre aujourd'hui dans notre pays en posant des gestes dangereux, en passant l'essentiel de notre vie à courir autour des biens matériels, autour des honneurs, tout simplement pour nous et pour notre famille, pendant que le gros de notre peuple croupit dans la misère la plus noire," a ajouté Fridolin Ambongo.

Cette sortie du Cardinal Fridolin Ambongo Besungu intervient au moment où des jeunes membres du PPRD de Joseph Kabila ont rejoint Corneille Nangaa dans la rébellion soutenue par le régime de Kigali via le M23.

Clément MUAMBA

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